Une activité d’écriture collaborative dans le cadre de la semaine du français au Centre d’éducation des adultes de Matane

Chaque année, les enseignantes de français du CEA de Matane organisent une semaine du français où les activités de lecture et d’écriture sont à l’honneur. Cette année, à l’horaire, on retrouvait une rencontre d’auteur avec monsieur Berthier Pearson, un atelier d’écriture « La poésie en graffiti », une lecture pop corn, un atelier d’écriture avec images et une exposition de livres de La Chouette librairie. À cette offre très généreuse se greffait aussi une nouveauté : un atelier d’écriture collaborative à la sauce Les Amplificateurs.

Lors de cette activité, j’ai accompagné l’écrivaine et enseignante de français Mylène Fortin. Nous avons présenté le groupe littéraire Les Amplificateursainsi que leur projet de recherche-création numérique en poésie. Dans un deuxième temps, les élèves ont réalisé certaines des étapes telles que vécues dans le projet des Amplis. Ils ont d’abord lancé des thèmes, échangé sur leur pertinence et sur la façon de les traiter, puis parmi ceux qui faisaient consensus, un tirage au sort à été réalisé pour leur permettre de tenter l’exercice d’écriture collaborative. Il s’agissait du thème : « Vivre et laisser vivre ».

Les outils technologiques utilisés

Pour réaliser ce travail, chaque élève disposait d’un ordinateur portable et d’une connexion internet. Nous avions préalablement créé un document de travail grâce au logiciel Etherpad. En moins de deux minutes, les élèves ont compris le fonctionnement et se sont mis à rédiger. Les élèves, plongés dans l’anonymat, ont trouvé cette tâche d’écriture très intéressante. Bien qu’on pouvait à l’occasion recevoir des indices du texte sur la personne qui était en train d’écrire, les élèves ne se sont pas sentis freinés par la présence des autres dans le document et ont rapidement pris goût à ce type d’écriture.

Après une brève lecture commune du produit fini, ils ont travaillé sur un deuxième thème : « Les lundis matin ». La page s’est mise à se remplir rapidement et chacun puisait dans le travail collectif lorsque le syndrome de la page blanche se faisait sentir. Les moments de distractions étaient quasi absents puisqu’entre chaque phase d’écriture, on devait nécessairement faire la lecture de ce que les autres ajoutaient au fur et à mesure. Cet exercice permet d’entraîner les élèves à rebondir plus facilement sur une nouvelle idée et ainsi poursuivre l’écriture avec une plus grande fluidité.

Une expérience unique

C’est une opportunité rare que de pouvoir s’asseoir à l’écran et composer côte à côte avec deux écrivaines professionnelles. J’ai personnellement eu beaucoup de plaisir à lire et à répondre par les mots à ces élèves qui se sont prêtés au jeu. Cette manière d’aborder la création littéraire et l’écriture de textes de tous genres est assez récente et peu étudiée encore. Lorsque nous avons soumis notre projet Les Amplificateurs à une bourse du CALQ, nous n’avons pas recensé d’autres pratiques du genre chez les communautés d’écrivains. Nous avons d’ailleurs obtenu cette bourse dans le cadre d’un appel de projets en lien avec l’usage du numérique dans les arts.

De nombreuses possibilités dans le monde de l’enseignement

Plusieurs outils permettent maintenant de travailler de cette façon, notamment avec la suite Google et avec Office 365. Ce type de travail d’équipe permet de travailler en simultané ou en différé sur un même document et de conserver les traces des modifications, d’échanger à l’aide de commentaires et de suggestions sur différents éléments du travail et d’être beaucoup plus efficace au niveau de la manipulation des fichiers. En fait, on n’a qu’à se préoccuper de la connexion à son compte sur la plateforme choisie. Les documents sont à jour à quelques secondes près et toujours disponibles, même sur un téléphone portable ou une tablette, à l’école comme à la maison.

Je vous laisse avec un extrait des textes produits lors de cette activité dans le cadre de la semaine du français au CEA de Matane.

Je pourrais prétexter avoir de l’intérêt pour vous seulement pour avoir votre attention, mais ça ne serait que mentir au sujet de mon intention. Je m’aime plus que que je ne vous aimerai jamais. Alors, cessez de penser que vous êtes plus important que quelqu’un d’autre. Vivre, c’est me retrouver chaque matin dans le calme avec moi-même, me libérer des opinions des autres et ne pas leur donner d’importance. Je vis et j’exprime qui je suis et laisser vivre c’est de permettre aux autres de s’exprimer dans leur authenticité, sans qu’aucun de leur sentiment m’affecte négativement. Laisser vivre si je permet à l’autre de s’exprimer librement si l’autre me permet d’exprimer qui je suis, d’être qui je suis. De respecter ses limites et celles des autres. Savons nous nous fixer nos propres limites ou nous accrocher à celles des autres ? (malade !!!!!!!!!) Alors pouvons nous faire nos propres choix…. 🙂Retour ligne automatique
C’est ce que je fais… m’occuper des autres. Et moi parfois j’oublie de prendre soin de moi. j’oublie de dormir, de me nourrir. Je te laisse vivre si tu me promets de t’aimer. De prendre des choix éclairés. J’ai si peur que le diable t’emporte, tu vois. Je ne parle pas du diable avec sa fourche et son feu, non. Je parle du diable qui est partout, dans les bars, sur le Net, et dans nos coeurs, parfois…

Étrange comment les visions peuvent être si différentes. Vivre et se foutre des autres ou vivre et aider les autres à vivre ? Trop s’en mêler ou trop fuir ?

Garder un juste milieu est essentiel comme dans toute chose.

Vivre et laisser vivre…

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